10/02/2023

Cheval, pommes et carottes

Le système digestif du cheval

Le cheval est un herbivore monogastrique.

Il possède:

  • la bouche qui permet la mastication, l’insalivation et la déglutition.
  • l’oesophage (tube de 120-150cm)
  • l’estomac qui représente seulement 8% du tube digestif. Son volume varie de 15 à 18L et se remplit maximum au 2/3. Les sécrétions gastriques (acides) se diffusent en continue. L’estomac aurait besoin d’être toujours plein en petite quantité
  • l’intestin grêle. Il représente 30% du système digestif. Le temps de digestion dans cette partie dure entre 1h et 3h. Si le repas est trop chargé en amidon et sucre, il n’aura pas le temps d’être digéré avant d’atteindre le gros intestin. (C’est une des causes de colique).
  • le gros intestin. Transit très long avec une flore microbienne très active qui fermente le contenu digestif y arrivant (fibres et éventuellement amidon résiduel, etc.).

Le régime alimentaire du cheval

Le cheval est un herbivore, cela signifie qu’il mange, à l’état naturel, presqu’uniquement des plantes. A l’état sauvage, ils peuvent en manger jusqu’à 50 différentes par jour. Vous pouvez donc imaginez la richesse que cela peut leur apporter au niveau des nutriments.

Aujourd’hui, le cheval domestique a toujours ce besoin, mais dans l’environnement qu’on leur offre, ils ont principalement accès au foin. Il faudrait idéalement qu’ils y aient accès à volonté. Cela va avec un mode de vie adapté, car n’oublions pas qu’un cheval devrait pouvoir manger en marchant, évitant ainsi les problème d’obésité entre autres, qui peuvent être pallier par une activité physique adapté avec l’homme et/ou par l’environnement dans l’idéal.

Pourquoi à volonté ? Car, on l’a vu plus haut, les sécrétions de l’estomac se diffuse en continue. Si l’estomac est vide, l’acidité commence à s’attaquer aux parois de l’estomac faute de nourriture à digérer. Et ce n’est que la partie immergée de l’iceberg, mais là n’est pas le sujet aujourd’hui.

Le foin est constitué de fibres, les fibres sont la base de l’alimentation du cheval. Toutefois, il faut que le foin soit de bonne qualité (pas de signes de moisissures, pas trop de poussière), et adapté aux besoins de l’animal. Évidemment, il s’avère souvent nécessaire de complémenter le cheval en nutriments puisque le foin uniquement n’est pas suffisant pour combler leurs besoins en minéraux. Attention: un excès de minéraux peut être tout aussi nocif qu’une carence, veillez donc à ne pas choisir n’importe quoi et référez-vous à des professionnels en cas de doute ! (Vétérinaires, nutritionnistes)

Les carottes

Au niveau nutritif:

  • taux d’humidité (environ 80%). Cela qui permet donc au cheval de recevoir un hydratation naturelle (en plus de l’eau), notamment pour des chevaux au régime sec (foin).
  • source de minéraux: potassium, phosphore, magnésium, iode, calcium…
  • contiennent des vitamines (notamment des carotènes, précurseurs de la vitamine A)
  • effet diurétique (élimination des toxines par l’urine)
  • augmentation des globules rouges dans le sang (et par conséquent meilleur oxygénation des organes)

C’est important toutefois de noter qu’en aucun cas les carottes ne peuvent remplacer un complément minéral vitaminé adapté aux besoins du cheval.

Si au niveau nutritif, elle sont intéressantes pour apporter un plus, il faut tout de même être vigilant. Pour commencer, elles ne peuvent pas remplacer un complément minéral vitaminé adapté aux besoins du cheval. La conversion de la carotène vers la vitamine A est d’ailleurs discutée .

Riches en sucre, elles ne sont pas préconisées pour les chevaux ayant des problèmes métabolique (SME, Cushing…). Pour les chevaux obèses, il faut également faire attention à la quantité et fréquence donnée.

Les pommes

Moins connues et utilisées que les carottes, elles sont riches en anti-oxydants et en vitamine C. Elle a moins d’intérêt nutritif à première que la carotte, dont il est plus courant de voir la vente en gros. Il faut dire que la vente de carotte et l’utilisation sont plus pratiques que celles de la pomme.

Effets sur le système digestif

Pour rappel, le cheval au naturel mange principalement des fibres principalement composées de cellulose. Les fibres arrivent dans l’estomac, sont rapidement digérées, puis continuent leur route vers l’intestin grêle avant de se diriger vers le gros intestin, où elles passent le plus de temps.

Que se passe-t-il quand on lui donne des carottes et des pommes ? Même si elles sont composées de fibre et de cellulose, cela n’est pas au même taux que le foin et l’herbe. La carotte est une racine, la pomme un fruit et ce ne sont pas la base de l’alimentation d’un cheval à l’état naturel.

Bien entendu, aujourd’hui, les chevaux ne sont pas à l’état naturel, mais leur système digestif n’a pas évolué dans le temps et n’est toujours pas fait pour ingérer en continue et en grande quantité des racines, fruits ou légumes.

Les pommes ont tendance à produire de l’azote pendant la digestion dans l’estomac. Cela peut provoquer des accès d’acidité néfastes pour le bien-être digestif du cheval.

Les carottes ont principalement digérées par l’estomac, et vont y séjourner plus longtemps que le foin. Si cela peut apporter un bien-être digestif sur le moment, une trop grande quantité peut avoir l’effet inverse sur le système digestif du cheval. Au niveau digestif, la carotte est digérée de la même façon que les grains, dont on sait aujourd’hui qu’ils ne sont pas forcément adaptés au cheval (en fonction des besoins/de la quantité).

Déséquilibre énergétique

Pour avoir une bonne santé, le cheval doit avoir un équilibre physique, psychique et émotionnel.

Qu’est-ce qui peut le perturber, et donc agir sur son état de santé ?

  • des perturbations climatiques (excès de froid, de chaleur, d’humidité, de vent…)
  • des perturbations liées à l’alimentation (déséquilibre dans la ration, manque de fibres, excès d’énergie… qui vont venir perturber la flore intestinale, impactant le système immunitaire, l’assimilation des nutriments…)
  • une perturbation émotionnelle

Je retrouve en shiatsu des déséquilibres importants du méridien de l’Estomac notamment, lorsque le cheval reçoit un certain nombre de carottes de façon régulière:

  • abdomen ballonné qui peut entraîner des tensions au dos
  • lourdeur au niveau des membres qui va impacter la locomotion
  • recherche excessive du goût sucré avec tendance à mordiller tout ce qui passe (peut-on parler d’addiction au sucre ? C’est à discuter.)

Concernant les pommes, elles ne sont généralement pas données en grande quantité ni régulièrement. En revanche, chez des chevaux ayant accès à un grand nombre de pomme pendant plusieurs jours sont:

  • excès d’acidité au niveau de l’estomac
  • tendance au ballonnement avec les tensions qui y sont liées
  • hyper-salivation

Ces listes ne sont pas exhaustives et cela dépend bien sur de la :

  • composition de chaque cheval
  • quantité donnée
  • qualité de l’aliment
  • fréquence à laquelle est distribué la carotte ou la pomme.

Chaque être vivant est différent !

Dans ma pratique, je pourrais accompagner le corps pour gérer ces déséquilibres, mais si l’alimentation reste mal adaptée, la problématique reviendra/perdurera.

Pour conclure

Alors, faut-il arrêter de leur donner des carottes ou des pommes ?

Ne devrait-on pas l’utiliser uniquement en temps que récompense durant le travail ? Et pas après, puisque le cheval ne pourra pas associer quoi que ce soit avec l’arrivée d’une récompense.

Je crois qu’il est évidemment préférable de donner une carotte ou une pomme plutôt qu’un bonbon sucré car les bénéfices sont meilleurs. Je pose ici la question de la quantité et de la régularité à laquelle on les distribue à nos chevaux.

Et je terminerai en disant qu’au vu du peu d’études réalisées sur l’impact de ce type d’alimentation chez les chevaux, il serait intéressant de pousser la recherche, que cela soit au niveau scientifique mais aussi au niveau énergétique !

Besoin de plus d’informations ? N’hésitez pas à me contacter.