12/10/2022

Impact de l’homme sur le cheval: le lien avec les congénères

Le cheval, cet animal grégaire

Le cheval est un animal grégaire, qui a besoin de contacts sociaux et de vivre en groupe. Il a cette tendance naturelle et instinctive qui le pousse à se rassembler avec les individus de son espèce. Et adopter le même comportement. C’est cet instinct qui lui a permis de survivre à l’état sauvage.

En effet, à l’état sauvage le cheval a des prédateurs. Plus il y a de chevaux, plus il y a de chances de repérer un prédateur et de fuir rapidement. Cette vigilance est constante: quand certains dorment, d’autres veillent.

Dans une harde (c’est ainsi que l’on nomme un troupeau de chevaux sauvages), chacun a un rôle précis. Cela permet un équilibre interne et externe et assure la sécurité et l’harmonie de l’ensemble.

La jument dominante choisit les endroits où manger, boire, se reposer. Elle guide le groupe. L’étalon protège et recadre. La hiérarchie est importante. On retrouve des relations parfois agressives dans des situations précises, mais aussi amicales entre les membres d’un même troupeau.

Si un cheval est à l’écart de ses congénères, cela représente un risque pour lui. En effet, il n’a plus la protection de l’étalon, de la jument dominante (ou leader) ni de l’ensemble de ses congénères.

Pour conclure, à l’état naturel, un cheval ne vit pas seul , en tout cas pas de son plein gré. En effet, même les jeunes étalons mis à l’écart du troupeau une fois l’âge de maturité sexuelle atteint se retrouvent généralement entre eux.

« Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin. »

De l’état sauvage à l’état domestique

Aujourd’hui, de plus en plus d’écuries mettent en place des conditions permettant aux chevaux de vivre à deux. Ou en troupeau. Mais certaines préfèrent l’hébergement en box ou en paddocks individuels.

Pourtant, plusieurs études démontrent l’intérêt de la vie en groupe et plus globalement au contact avec les autres:

  • diminution des agressions et blessures sérieuses (Mc Donnell, Fureix et al. 2012)
  • cheval plus facile à débourrer et à travailler (Sondergaard et Ladewig, 2004)
  • diminution du stress et des stéréotypies (Benhajali et al. 2014)

S’il est avéré que les chevaux nécessitent un contact avec leurs congénères, certains cavaliers souhaitent parfois éviter que leurs chevaux se retrouvent au contact des autres:

  • peur des risques de blessures
  • peur de ne pas pouvoir le séparer du groupe
  • facilité de la gestion de la nourriture
  • (…)

Dans ces cas-là, le seul vrai contact que le cheval peut avoir est celui qu’il a avec l’humain: celui qui le nourrit, celui qui le sort, celui qui le monte. Le cheval, animal social, a donc pour seul compagnon l’être humain, qui ne vit pas toute la journée avec lui comme le ferait d’autres chevaux.

Ainsi, il dépend de l’humain pour manger, pour sortir, pour se dépenser, pour avoir un contact physique. Or, ce contact n’est pas constant comme il le serait si le cheval était avec des congénères.

Ainsi, les périodes sans l’humain peuvent devenir source d’inconfort. La solitude et l’ennui peuvent amener à des problématiques tels que stress, stéréotypies, mais aussi difficultés de trouver sa place en tant que cheval, ou encore une apparition de comportement similaire à l’hyper attachement, beaucoup étudié dans le domaine canin.

Si l’hyper attachement chez le chien est différent de celui du cheval pour des raisons éthologiques, puisque leurs comportements et leurs besoins sont foncièrement différents, cela n’empêche que l’humain rend effectivement dépendant le cheval lorsqu’il l’isole du troupeau pour devenir l’unique référent de l’animal.

On peut donc remarquer que les conditions de vie que nous imposons au cheval peuvent à la fois être source de sécurité et permettre au cheval d’évoluer en confiance et en sérénité, ou au contraire provoquer des déséquilibres physiques et comportementaux.

Conclusion

Il est difficile dans notre monde moderne de subvenir aux besoins de nos chevaux et il est important de noter que nos chevaux actuels sont parfois plus fragiles que les chevaux sauvages (modifications génétiques entre autres). Cependant, les besoins primaires de nos chevaux sont: la survie ; l’alimentation ; les besoins sociaux.

ll est donc important de le prendre en compte pour leur apporter un mode de vie adapté. Cela leur apportera un bienfait physique, mental, émotionnel, et vous le ressentirez au travail et dans votre lien de complicité.

Le shiatsu peut évidemment permettre d’apporter un confort aux chevaux qui n’ont pas la possibilité de vivre ainsi, et apportera un bien-être supplémentaire à ceux qui vivent avec des congénères puisque c’est une pratique qui travaille sur différents plans.

Enfin, ne culpabilisez pas: vous venez de lire cet article, vous êtes prêts à entendre que nous avons tous des choses à apprendre. Nous évoluons sans cesse, et peut-être regarderez-vous votre cheval avec un oeil différent (mais toujours la même affection!).

Attention: si votre cheval n’a jamais eu de congénères depuis des années, il est important de faire une réinsertion douce avec des chevaux bien codés afin de ne pas brusquer votre cheval. Il aura certainement besoin de réapprendre à communiquer et à respecter la place des autres tout en faisant respecter la sienne.